Liban-Sud - Le berger, Ibrahim Rahil, a été tué, côté libanais, par des tirs israéliens
Le Liban va déposer une plainte à l’ONU contre Israël
La mort du berger, Ibrahim Youssef Rahil, 17 ans, tué avant-hier par des tirs israéliens dans la région de Mazraat Bastara, limitrophe des fermes de Chebaa, a ravivé la tension au Liban-Sud, d’autant que la découverte du corps du jeune berger avait été précédée de menaces du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah. Ce dernier avait déclaré mercredi qu’au cas où Rahil serait retrouvé mort, « la Résistance islamique punirait les tueurs sans demander d’autorisation à quiconque ». Selon les premiers éléments de l’enquête effectuée par la Finul, Ibrahim Youssef Rahil a été tué du côté libanais de la frontière, alors qu’un porte-parole de l’armée israélienne avait affirmé que Rahil s’apprêtait à s’infiltrer en territoire israélien, expliquant qu’une patrouille israélienne avait « repéré un homme armé qui traversait la frontière internationale. Ce dernier a tiré sur la troupe qui a riposté et constaté qu’un tir avait atteint son but ». Le Liban compte adresser aujourd’hui une lettre de plainte au secrétaire général de l’Onu.
M. Baalbacki et le président du Comité des citoyens du Arqoub, Mohammad Hamdane, au siège de l’Ordre de la presse, hier.
Le ratissage de la région de Mazraat Bastara, tout au long de la nuit de mercredi à jeudi, par une patrouille du contingent indien de la Finul, secondée par des habitants de Chebaa, a permis de retrouver hier matin le corps du jeune berger abattu par les soldats israéliens. Il était porté disparu depuis 24 heures, et ses proches avaient d’abord cru à son enlèvement par l’armée israélienne qui patrouille du côté israélien de la ligne bleue.
Selon l’Ani, le corps d’Ibrahim Rahil portait les traces de trois balles tirées à bout portant, au niveau de la tête, des épaules et du dos. L’agence rapporte également qu’une vingtaine de commandos israéliens avaient franchi la ligne bleue, s’infiltrant au Liban, à 7 mètres de profondeur.
Le corps du malheureux a été transporté à l’hôpital gouvernemental de Marjeyoun, avant d’être enterré dans son village natal de Chebaa, en présence de représentants d’Amal, du Hezbollah, du PSNS, ainsi que d’une foule d’habitants de la zone.
De l’autre côté de la frontière, l’armée israélienne était sur le qui-vive alors que les colons se sont éloignés de la ligne bleue. En territoire libanais, la Finul a intensifié ses patrouilles et a entamé son enquête.
Selon les premiers éléments, le jeune homme a été tué en territoire libanais. « L’enquête montre qu’Ibrahim Youssef Rahil a été tué du côté libanais de la frontière », a indiqué à la presse le porte-parole de la Finul, Milos Struger, ajoutant que « les résultats définitifs de l’enquête seront remis aux parties concernées ».
Le Premier ministre Fouad Siniora a examiné ce problème avec le représentant personnel du secrétaire général de l’Onu au Liban, Geir Pedersen, qui avait indiqué à la presse, à l’issue de l’entretien, que l’Onu allait ouvrir une enquête et avait appelé à « la retenue ».
En réponse à une question, M. Pedersen a indiqué que « tout le monde est conscient du sérieux de l’affaire. Nous attendons les résultats de l’enquête de la Finul », soulignant que « les Nations unies examinent avec attention ce qui se passe ».
Selon notre correspondant au palais Bustros, Khalil Fleyhane, le Liban devrait adresser aujourd’hui une plainte au secrétaire général de l’Onu, dans laquelle il appelle le Conseil de sécurité à prendre une position ferme vis-à-vis d’Israël, qui a tué le berger libanais, le premier jour de l’entrée en vigueur de la reconduction pour six mois du mandat de la Finul.
« Après la mort du berger et les menaces proférées la veille par Hassan Nasrallah, le secrétaire général de l’Onu est conscient du danger et du sérieux de la situation », souligne notre correspondant au palais Bustros, citant des sources diplomatiques bien informées.
Commentant la réunion tenue entre Pedersen et Siniora, ces sources n’écartent pas l’idée que « le représentant onusien s’est adressé au Premier ministre pour qu’il intervienne auprès de Hassan Nasrallah pour éviter une éventuelle escalade, compte tenu de la précarité de la situation à la frontière et du fait que la ligne bleue porte en elle les propres germes de son embrasement ». Toujours selon ces sources, « personne n’est en mesure de prévoir si le Premier ministre peut persuader le secrétaire général du Hezbollah de revenir sur ses menaces et personne ne peut prévoir la date prévue pour la “punition des tueurs” ».
Par ailleurs, la découverte du corps du berger a provoqué une série de condamnations.
Lahoud et Siniora
condamnent
Le président de la République, Émile Lahoud, a indiqué que « ce crime perpétré contre un citoyen libanais est un acte terroriste et que les mots sont incapables de traduire l’ampleur qu’ont prise les violations israéliennes au Liban-Sud ». « Ces actes, a-t-il poursuivi, constituent des provocations qui entravent les efforts visant à préserver le calme dans la bande frontalière en particulier et au Liban en général. »
Le chef de l’État a également appelé « les Nations unies à assumer leurs responsabilités et à empêcher Israël de poursuivre ses violations du territoire libanais ».
De son côté, M. Siniora a indiqué, place de l’Étoile, que l’affaire constitue « une flagrante atteinte à la souveraineté libanaise », ajoutant qu’il est en contact avec l’Onu à propos de l’incident.
Dans un communiqué publié hier, le PSP a condamné l’affaire appelant la Syrie à présenter les documents prouvant la libanité des fermes de Chebaa.
Lors d’une conférence organisée au siège de l’Ordre de la presse, le président du Comité des citoyens du Arqoub, Mohammad Hamdane, a rappelé qu’Ibrahim Rahil « a été assassiné en territoire libanais dans la zone contrôlée par le contingent indien de la Finul, et les Nations unies n’ont rien fait pour le protéger ». Il a appelé le gouvernement à déposer une plainte auprès du Conseil de sécurité.
Le corps du jeune berger libanais abattu par l’armée israélienne transporté à l’hôpital de Marjeyoun.
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